Quand Dracula se prend pour Peter Pan !

Je suis né il y a de cela 585 ans à présent.  Mon visage ne vous dirait rien mais mon nom, lui, vous sera bien familier et pour cause : je suis Dracula, de mon véritable nom Vlad Tepes Basarab mais le Tepes ne me désigne pas. Mais il vaut mieux pour moi de commencer par le tout début.

Je suis né en 1431, en Roumanie, dans le palais de mon père, Vlad Dracul (selon les versions, cela veut dire dragon ou diable bien que j’ai toujours pensé que ça voulait dire les deux en fait.). J’ai un frère aîné, Radu, avec qui j’ai été envoyé comme otage chez les Turcs. Autant vous dire tout de suite que l’on ne rigole pas chez eux mais grâce à ma condition de noble, j’ai eu quelques petits avantages comme pouvoir me cultiver et être traité comme mon rang l’imposait. Cependant, mon frère et moi avions dû tout de même participer aux entrainements pour devenir un parfait bon petit soldat pour le sultan. Je me fis mon premier et unique meilleur ami, Mirça. C’était le fils adoptif du sultan responsable de ma captivité mais je m’entendis tout de suite avec lui. Je le regrette amèrement aujourd’hui. Pourquoi ? Vous voyez l’image que les gens ont de moi, la version adulte ? C’est en fait Mourad et non moi ! Je ne pourrai pas avoir de moustache ou quoi ce soit étant donné que j’ai été transformé en vampire à l’âge de dix-sept ans. C’était peu de temps après mon retour alors que mon frère était resté à Andrinople. J’étais rapidement tombé sous le charme d’une demoiselle, Ilona et en quelques mois, j’avais demandé sa main à son père qui avait accepté pour mon plus grand plaisir. J’avais tout : un meilleur ami parfait à mes yeux, une fiancée ravissante, j’étais de retour chez moi et un avenir magnifique m’attendait. Et en une seule nuit, tout me fut pris : ma vie, mon identité, mon avenir, même ma fiancée bien qu’elle me resta fidèle. J’avais été trahi par mon meilleur ami et son allié, l’ordre du dragon. Je me souviendrai encore de cette fameuse nuit.

J’étais en compagnie d’Ilona, en train de nous embrasser lorsque tout à coup, des hommes de l’ordre ont fait irruption dans le jardin, en compagnie de Mirça. Je ne compris pas ce qu’il se passait. Je fus forcé de les suivre et me retrouva enfermé dans un des cachots du château. Mirça vint peu après me voir mais ce n’était pas vraiment dans le but de me rassurer mais plutôt pour me détruire à nouveau. Je n’avais été qu’un pion entre ses mains. Il ne pouvait pas avoir le trône de son père, alors il aurait celui d’un autre et il a fallu que ce soit moi. Je ne me souviens plus trop bien ce qui s’est passé par la suite. Je me rappelle seulement qu’il m’ait forcé à boire un liquide bien étrange avant de me trancher la gorge. A mon réveil, j’avais la gorge sèche, et j’avais si soif que je me suis sauté sur le premier homme qui était entré dans ma cellule et je l’ai vidé de tout son sang. Un monstre ! Voilà en quoi Mirça m’avait transformé. Il me fallait désormais fuir mais je ne pouvais me résoudre de partir sans prévenir Ilona. Je l’aimais comme un fou mais j’avais refusé qu’elle ne m’accompagne. La vie qui m’attendait à ce moment-là n’était pas pour elle. Surtout que je comptais me venger un jour non seulement de ce sale traître mais également de l’Ordre du Dragon. Mais avant mon départ, Ilona insista pour que nous nous mariions malgré tout, seulement dans le plus grand secret. Je ne pouvais pas ou plutôt plus me marier devant dieu, étant devenu une créature de la nuit mais devant les hommes, je le pouvais encore. Un prêtre nous avait tout de même mariés. Je disparus par la suite. J’eus des nouvelles de ce cher Mirça qui s’était fait passer alors pour moi, se battant contre son propre père et puis son propre frère. Je peux vous assurer que le plus sanguinaire de nous, c’était lui ! L’idée des empalements, c’est typique des turcs à cette époque-là. Devenu un exilé, un sans-patrie, j’étais parti trouver refuge en Europe occidentale, plus précisément à Londres où je me fis passer pour un jeune lord.

Au dix-neuvième siècle, je sentais que l’heure de ma vengeance allait bientôt sonner. Et pourtant, ce ne fut pas encore le cas en ce qui concernait l’ordre. Par contre, il se passa quelque chose que je n’avais pas prévu : revoir ma bien-aimée après tous ces siècles. Mais ce n’était pas l’Ilona que j’avais connue. C’était une tout autre personne qui lui ressemblait comme deux gouttes d’eau.  Elle s’appelle en ce siècles-là Wilhemina Murray, dite Mina. Elle était aussi belle que l’avait été Ilona et comble de l’ironie, elle était fiancée à un dénommé Jonathan Harker qui s’avéra être le portrait de ce sale traître de Mirça. La suite, vous la connaissez je présume. Je séduis d’abord la meilleure amie de Mina, Lucy avant de la transformer en vampire. Elle n’avait servi que diversion contre mes ennemis, enfin mes nouveaux ennemis. J’eus en quelque sorte ma vengeance : alors que ce cher Harker venait de se faire rejeter par Mina, moi, j’ai réussi à la conquérir malgré notre « différence d’âge ». Enfin, j’avais droit au bonheur. C’était ce que je pensais mais visiblement, le destin ne semblait pas être de cet avis. Quelques mois plus tard, je fis une horrible découverte : Mina qui s’était jetée du haut de la fenêtre de sa chambre. Je ne pouvais hélas plus rien faire pour la sauver. Elle avait eu une lettre de Harker qui lui avait tout raconter, y compris ce que j’avais fait à Lucy. Je pense que c’est en partie à cause du mal fait à son amie et au lavage de cerveau de ce maudit Van Helsing que cela avait poussé Mina au suicide. Harker m’en a voulu. Ma faute si la femme que j’aimais s’était donnée la mort ? C’était sa faute à lui ! Il n’avait pas à lui écrire cette lettre et rien de tout cela ne se serait passé. Un soir, nous nous croisâmes et un combat eut lieu aussitôt. Dans la bataille, j’avais coupé la main de l’humain et je ne l’ai plus jamais vu.

Pendant des années, je ne vécus plus tout seul. J’étais devenu le chef d’un petit clan de vampires mais pas des vampires comme les autres. Notre particularité était que nous avions tous une apparence juvénile. J’avais d’ailleurs eu pour cadeau une chevalière ensorcelée qui me permit de sortir en plein. Je le devais à une sorcière dont j’avais sauvé le fils de deux membres de l’Ordre. Je les avais presque oublié ceux-là. Je m’étais allié avec cette sorcière pour anéantir ce maudit ordre de pacotille ! Vingt ans après la mort de Mina, je me baladais dans les rues de Londres ou plutôt sur les toits des maisons lorsque je fus attiré par une voix. On aurait dit Mina mais en plus jeune. Arrivé près de la maison de la jeune fille dont la voix m’avait interpelée, je vis qu’il s’agissait en fait bel et bien de ma Mina. Encore une fois, elle s’était réincarnée mais elle était bien plus jeune que la dernière fois-là. Elle ne devait pas avoir plus de treize ou quatorze ans. Vous connaissez l’histoire de ce garçon qui refuse de grandir ? Eh bien cette histoire de ma vie qui est racontée mais plus adaptée pour les enfants. Comme avec ses autres incarnations, j’en étais tombé amoureux mais contrairement aux autres fois, je lui avais révélé immédiatement la vérité, m’attendant à ce qu’elle ait peur de moi mais ce ne fut pas le cas. Nous vécûmes une véritable idylle bien que je n’allais pas plus loin que le simple flirt. Les autres membres du clan l’appréciaient également. Bon, en même temps, ils savaient que s’ils touchaient ne fut-ce qu’un seul de ses cheveux, je serai capable de les tuer moi-même. Malheureusement, mon vieil ennemi, Harker, était de retour. Je devais la protéger et pour cela, je dus lui faire mes adieux. Ceux-ci furent particulièrement déchirants car aucun de nous deux ne voulait lâcher l’autre alors que nous nous tenions dans les bras de l’un l’autre. Je dus m’y résoudre et le soir même, je revis à nouveau mon ennemi. Celui-ci avait désormais un crochet à la place de sa main droite et il ne voulait plus se faire appeler Jonathan Harker. Il prétendait que je l’avais tué une nuit il y a vingt ans. Ce soir-là, je réussis enfin à l’éliminer mais je n’étais plus jamais allé voir Wendy. Par contre, comme je l’avais fait avec ce Bram Stoker, j’hypnotisais un dénommé James Matthew Barrie pour qu’il écrive lui aussi une histoire sur moi. Tous les enfants la connaissent par cœur et je dois avouer que des deux versions parlant de moi sous un autre nom, celle de Peter Pan que je préfère. Au moins, dans cette histoire, j’ai le rôle du héros. Pas trop parfait certes mais j’en suis un héros alors que ce n’était pas le cas de le livre de Stoker.

Aujourd’hui, je vis à New York, là où se trouve maintenant l’Ordre du Dragon. Je l’ai tout bonnement suivi pour mieux préparer ma vengeance et elle sera terrible. J’hésite à aller me faire passer pour un adolescent ordinaire qui va au lycée, contrairement au reste de mon petit clan. Nous ne sommes que sept alors qu’au début, nous étions une vingtaine. Voir même plus. Nous étions tombés un soir sur les Van Helsing qui n’avaient pas hésité à nous tirer des fléches. Bande d’idiot ! Le pieu dans le cœur ne fait que nous plonger dans un sommeil léthargique mais c’est vrai que s’ils nous coupent la tête, là, nous sommes vraiment morts. Récemment, j’ai cru reconnaître Mina, enfin Wendy enfin vous me comprenez quoi ! J’ai cru voir la fille de mes rêves, trainant avec ce moitié de dragon qui sert de petite fille à ce vieux magicien. C’est décidé ! je vais aller au lycée ! Au moins, je pourrai la revoir ! Et peut-être que l’on pourra enfin avoir l’histoire que l’on mérite d’avoir depuis cinq siècles !