we're such a dysfunctional family (Lulu)

Lucifer était un ange, le plus beau des anges. Esprit parfait inférieur à Dieu seulement. Et pourtant dans son être de lumière naquit une vapeur d'orgueil qu'il ne dissipa pas. De cette incubation est né le Mal. il existait avant que l'homme existât. Dieu précipita hors du Paradis le maudit qui avait couvé le Mal. »


Le twerk ? C'est moi qui l'ait inventé. Tout comme l'argent, la fumette, l'adultère, la sodomie, ... J'ai inventé un paquet de choses. Tout, absolument tout ce qui vous empêche de penser à Dieu. Ca fait un paquet de choses. En fait ça enveloppe à peu près tout ce qui existe. Merde, hein.
Mais savoir que je suis un génie ne nous avance pas. Commençons donc et je vous prie de suivre correctement car je vais être bref.
Alors, je vous le dis tout de suite : traduire mon expérience angélique en baragouinage humain va être compliqué. Premièrement parce que depuis la chute on a changé de dialecte (et putain, ça nous a fichu un ou deux siècles de laryngite), une variante moins divine, moins maniérée. Beaucoup plus sifflante et gutturale. Mais je m'égards. Je disais donc, traduire mon expérience angélique en langue humaine va présenter des difficultés certaines -mon existence a toujours été enluminée et adornée de difficultés (porter le poignet mollement ployé au front emperlé de sueur dans une pose lancinante). C'est pourquoi je ne vais pas le faire. Voyez vous, l'expérience angélique est une renaissance prodigieuse, l'anglais (ou le français ou n'importe quelle langue employée par les humains) est un minuscule sac à main de pétasse. Comment caser le premier dans le second ? Vous comprendrez donc que je ne m'y essaye pas. Ou du moins que je fasse le plus simple possible. Je vais essayer de forcer un peu l'ouverture du sac de pétasse. D'ailleurs cette tournure de phrase ça me fait penser à cette anecdote du prêtre de Lyon !
Je m'égards une fois de plus. Venons-en aux faits.

Avant toute chose, il est bon de savoir que je suis quelqu'un de contraignant. Eh oui, j'aime foutre la merde, chercher la petite bête, embêter autrui,... Parce que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes possible au Paradis. Jusqu'à ce que je contrarie Papy avec ma super-rébellion. Alors certes, c'était une idée un peu con. J'étais le chouchou, son numéro 1, avant Mich, avant tout le monde. Mais Dieu (d'ailleurs vous seriez surpris de savoir à quoi Il ressemble ! Il faudrait que je vous en parle un de ces quatre, qu'on se paye une bonne tranche de rire), naïf comme tout ce brave Dieu (alors que dans mon CV la naïveté brille par son absence) a créer l'Homme. Alors je vais vous le dire tout de suite, moi ça ne m'a pas plus. J'ai souffert. Je souffre toujours. Une souffrance obsédante, pire qu'un lumbago ou un problème intestinale; une brûlure ininterrompue. Comme si mon être tout entier était le théâtre d'une petite Armageddon privée. Et la colère. Oh, vous pensez savoir ce que c'est, la colère. Vous vous êtes donnez un coup de marteau sur les doigts, vous avez perdu votre texte en fermant par erreur la page de votre navigateur, votre patron se montre parfois facétieux, vous avez trouvé votre meilleur ami et votre femme en plein soixante-neuf dans votre lit. Vous pensez avoir vu rouge. Vous vous trompez. Laissez-moi vous rassurez, vous n'avez même pas vu rose. Alors que moi, ... moi... Écarlate. Vermillon. Magenta. Sang de boeuf, les mauvais jours.
Franchement, ce serait une honte si je n'avais pas fait la seule chose intelligente à faire (vous savez bien, vous, que c'est la seule chose intelligente à faire) : m'habituer à la jalousie et à la honte depuis un trillion d'années, minimum.

La chute. Papy n'a pas apprécié la façon dont j'ai exhiber mon mécontentement vis à vis de sa nouvelle invention (autant les Dinosaures j'ai trouvé ça amusant, mais les humains qui se baladent à poils dans des jardins ... pitié). Il m'a envoyé moi et mes nombreux partisans (j'avais la cote à cette époque au Paradis et créer une escobarderie majeur ne fut pas compliquée. Il suffit de savoir chuchoter les bonnes paroles aux bonnes personnes) nous terrer sous Terre. Loin de tout. Adieu la belle vie du Paradis.
Il me scie, Il me scie vraiment avec Ses petits caprices. Ses petits caprices et Sa....
La rébellion a été une expérience libératrice, malgré la colère et les souffrances. J'ai réussis à m'amuser avec les humains, à les pervertir d'un claquement de doigts (ou de bassin contre un autre, n'est-ce pas Eve ?). Il ne suffit pas de grand chose pour les détourner de Dieu. Parce que moi je les écoute et je les incite à obéir à leurs instincts les plus primaires quand Lui, Papy, tout ce qu'il fait c'est opiner à leur silence avec un "Je sais" horripilant.
Est-ce que l'Enfer est vraiment torride ? Est-ce que le jardin d'Eden est vraiment touffu ? Est-ce que le Paradis est vraiment aussi ennuyeux qu'il en a l'air ? (Oui.) Et les homos ? ils ont droit à la damnation éternelle ? Et vous, quand vous laissez votre mari chéri vous sodomiser pour son anniversaire ?
Oui, au Paradis on s'emmerde. Lui n'a aucun sens de l'humour parce que la perfection L'en empêche. Au Paradis, on nous entends souvent rigoler en Enfer de nos vannes diverses et variées. Et je vois bien à la tête de ces fayots s'ils se demandent s'ils ne sont pas en train de rater quelque chose, avec nos poilades. Mais ils ne préfèrent pas insister. Ce sont des timorés. S'ils existait un moyen de descendre à la cave en toute sécurité, il y'aurait pas mal de déserteurs (à condition d'avoir une sortie de secoure par loin, au cas où ça chaufferait (trop fort, hein) ).
Bref.
Je me suis dis que ça serait une bonne idée d'aller Le provoquer encore un peu. Peut être pas refaire une super rébellion. Surtout que les humains je m'y suis habitué (et je m'y suis un peu attaché aussi, je l'avoue, c'est bien plus facile à dresser que des clebs), je n'avais pas de vraie raison. Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête. J'avais envie d'aller frapper ces têtes de fayots, Gabriel qui joue de la trompette; Michel qui fait des poids et haltères. Rien de méchant, juste pour s'amuser et rigoler un peu.
Puis aussi parce qu'Il m'énerve. Je me suis emporté et j'ai voulu lui faire mal. Le faire souffrir Lui aussi, qui a l'air toujours trop serein, comme s'Il se foutait de ma gueule, de la gueule de tout le monde. Avec Sa miséricorde.
Michel est mort. Oui, marrant comme concept pour un Ange de mourir, hein ? Mais ça peut arriver. Sur le coup c'était une erreur (comment est-ce qu'on tue quelqu'un par erreur ? Ca arrive, d'accord ?! ), c'est ce que j'ai dit à Dieu.

Puis il y a eut le deuxième pacte. Ou la deuxième chute. J'ai chuté de très très haut pour atterrir bien bas.

Quand j'ai ouvert les yeux, j'étais à poil dans une morgue. C'est pas banal comme réveil. Papy a trouvé drôle de m'envoyer sur Terre parmi mes copains les humains. Il m'a envoyé dans le corps fraîchement mort d'un suicidé (il est sûrement en Enfer, j'espère qu'Hadès s'est bien occupé de lui).